Romain Rivière et Patrick Clayssac, Terres du Sud

Rencontre avec Romain Rivière, producteur de grandes cultures et de semences à Saumont (47), et Patrick Claysac, technicien Terres du Sud

Quand on s'appelle Romain Rivière et qu'on habite dans le village de Saumont, en Lot-et-Garonne... il suffit de remonter un peu le fil de l'histoire de ce jeune agriculteur de 31 ans pour faire une belle pêche ! Celle d'une transmission assez rare, en agriculture. Son exploitation de 175 hectares, auxquels s'ajoutent 30 hectares en tant que prestataire de services, notre céréaliculteur et producteur de semences ne l'a pas hérité de sa famille. Il a pris la suite d'un paysan, Bernard Cinel, qui a su lui tendre la main pour l'aider à nager au milieu des blés, maïs, betteraves portes graines et autres poireaux semenciers. Cette transition perdure puisque Bernard Cinel est "associé non exploitant". C'est aussi le technicien de Terres du Sud, Patrick Claysac, qui a concouru à sa réussite, poursuivant l'accompagnement de Romain, comme il le faisait de Bernard, dans son plan de cultures.

J’ai choisi d’être accompagné pour m’installer et valoriser mes cultures

Interview

Romain, votre histoire avec Bernard Cinel est peu banale ?

C’EST sûr. Il m’a permis de racheter petit à petit son exploitation pour que je ne sois pas pénalisé d’entrée. Il a tout fait pour que je reste et que je m’installe. J’ai presque envie de dire qu’il y a, entre nous, une relation paternelle, sous l’égide professionnelle bien sûr, puisque Bernard a déjà deux enfants (sourire).

Et vous Patrick, en tant que technicien, vous avez l’habitude de ce type de transmission ?

C’est rare ! Il y a une très bonne relation entre Romain et Bernard. J’ai presque envie de dire que cela marche mieux qu’entre un vrai père et un vrai fils.

Vous avez servi à faire la jointure entre les deux ?

La coopérative a aidé Romain à s’installer avec le Contrat Patrimoine de Terres du Sud, mais il est certain que, comme je connaissais Romain et son prédécesseur, cela a facilité les choses pour mettre en place un contrat tripartite afin que les 175 hectares soient progressivement mis à disposition de Romain.

Du coup Romain, comme vous connaissiez déjà Patrick, l’intégration a été rapide, qu’est-ce que vous attendez de lui ?

Qu’il m’accompagne dans la réalisation du plan prévisionnel de cultures et qu’il m’aide dans leur suivi. Les connaissances du technicien de Terres du Sud sont très importantes pour nous guider sur l’utilisation des produits phytosanitaires, sur la fertilisation des terres. Et comme Patrick connaissait déjà bien les miennes, cela va forcément plus vite. Désormais il est là pour nous faire partager les solutions de bio-contrôle. Pour utiliser moins de pesticides, on repart sur des produits basiques, c’est donc important de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un qui connaît toute la gamme.

La réalisation du plan de production est un temps fort de la saison.

(Patrick)
Je connais très bien son exploitation. J’essaie donc de faire au mieux pour lui proposer de planter des productions à valeur ajoutée quand c’est possible en fonction de la rotation des terres. Par exemple avec le maïs Waxy, riche en amidon, ou avec le tournesol oléique, ou encore avec des blés à protéines, les blés améliorants.
(Romain nous coupe)
Depuis deux ans, Patrick nous a aussi aidés à intégrer le logiciel Agréo exploitant, qui nous assure une traçabilité de ce qu’on fait sur chaque parcelle. C’est une application sur téléphone qui est révolutionnaire pour nous agriculteurs. C’est fini l’image du paysan qui travaillait au doigt levé, aujourd’hui nous intégrons de nouvelles technologies.

Vous pouvez nous éclairer sur cette application ?

(Patrick)
Ce logiciel permet un suivi détaillé de chaque parcelle. Chaque fois qu’il intervient dessus, le céréaliculteur va pouvoir entrer dans son application quel type d’intervention il a réalisé, que ce soit pour le plan de fertilisation ou pour la protection des plantes. La conduite des exploitations est facilitée. Si on vient contrôler l’agriculteur, il peut facilement expliquer ce qu’il a fait sur ses terres. Cette solution permet un suivi du cahier des charges, mais c’est aussi un outil d’aide à la décision et un formidable atout pour la traçabilité.

Cela n’empêche pas les liens humains, Patrick continue de venir vous voir Romain ?

Il vient au moins une fois par mois. Nous faisons le tour des parcelles pour voir s’il faut intervenir à tel ou tel endroit.

Dites-nous Patrick, c’est dur d’instaurer un climat de confiance ?

Je suivais déjà l’ancien propriétaire et j’avais croisé Romain souvent donc la confiance est vite venue, mais on doit la maintenir. Il faut montrer à l’agriculteur qu’on n’est pas là pour lui faire consommer plus d’intrants. Cette confiance vient aussi dans les choix réalisés lors de l’élaboration des plans de cultures. Si, à l’arrivée, le céréaliculteur s’y retrouve lorsqu’il vend ses céréales à Terres du Sud, on gagne encore plus sa confiance. Nous sommes là pour apporter des solutions techniques, économiques et environnementales. L’image compte aussi aujourd’hui et les agriculteurs en sont bien conscients. L’agriculture ne fonctionnera qu’en répondant à ces trois enjeux. C’est pour cela que la relation agriculteur, technicien, coopérative, est très importante. C’est bien dans ce sens-là que nous allons avec Romain et les agriculteurs via les contrats d’aide à la décision. On essaie d’être au plus près des besoins des parcelles.

Vous pouvez nous donner des exemples de solutions techniques, économiques et environnementales ?

Il y a le Perform Azote, qui permet une modulation de l’azote dans le blé. Cela se fait via des images satellites qui repèrent les zones qui auront plus ou moins besoin d’azotes. Pour ce qui est du bon usage de l’eau en matière d’irrigation, on s’appuie aussi sur un outil comme Irrelis. Pour ce qui est de la partie économique, on est aussi là pour procurer un accompagnement dans la vente des céréales en fonction des marchés.