Diane Cherblanc, éleveuse de poules pondeuses bio au groupe Terres du Sud

Rencontre avec Diane Cherblanc,
éleveuse de poules pondeuses bio à Saint-Caprais-de-Lerm (47)

Sa liberté, Diane Cherblanc la tient de ses poules ! On exagère à peine en évoquant la destinée de cette Berrichonne devenue Lot-et-Garonnaise d'adoption. À 44 ans, cette bijoutière voulait se donner une bouffée d'oxygène aux côtés de son mari, qui produisait déjà des céréales en agriculture conventionnelle. C'est un technicien de Terres du Sud qui a fini de la convaincre pour qu'elle s'installe comme éleveuse de poules pondeuses bio. Un essai transformé puisque Diane Cherblanc s'épanouit désormais au milieu de son bâtiment flambant neuf où elle chouchoute ses 9.000 poules qui pondent jusqu’à 8.800 œufs par jour.

J’ai choisi de changer de vie pour retrouver du sens et du temps pour mes enfants

Interview

Comment une bijoutière de métier devient éleveuse de poules pour la production d’œufs bio ?

JE SUIS ARRIVÉE en 2000 à Agen, pour le travail. J’étais bijoutière en atelier. Je faisais de la réparation mais aussi de la fabrication et de la transformation. J’ai ensuite rencontré mon mari, qui était agriculteur en Lot-et-Garonne. N’étant pas très satisfaite dans mon entreprise et après la naissance de mon fils, mon deuxième enfant, j’ai décidé de passer un bilan de compétences qui m’a redonné confiance en moi et m’a permis d’envisager une reconversion.

Mais pourquoi avoir choisi l’élevage de poules pondeuses ?

Ma belle-mère avait déjà quelques poules sur l’exploitation familiale. Nous sommes allés en chercher d’autres, de réforme, à Nérac, chez un éleveur qui travaille avec Terres du Sud. En visitant son exploitation je me suis dit « pourquoi pas moi ? » D’autant que j’aimais bien le contact avec les poules quand j’allais au poulailler. J’ai démarché plusieurs structures pour voir ce qui me convenait.

Qu’est-ce qui vous a décidé à frapper à la porte de Terres du Sud alors ?

Mon mari a assisté à ma place à une journée découverte d’une autre structure. En rentrant il m’a dit « ce n’est pas pour toi, c’est une autre dimension, ça ne va pas te plaire ». Je voulais quelque chose de raisonnable. De mon côté, j’ai rencontré Pascal Le Cornec de Terres du Sud et un autre technicien d’une autre coopérative, mais j’ai accroché au discours de M. Le Cornec, qui venait d’installer sa compagne dans le même domaine d’activité, alors qu’elle n’était pas non plus dans l’agriculture avant. La visite de leur exploitation a fini de me convaincre, j’ai donc continué le projet avec Terres du Sud.

L’accompagnement a été fort de leur part ?

Comme je n’étais pas issue du monde agricole, ce qui m’a plu, c’est que je n’ai pas eu besoin de retourner à l’école. Avec deux enfants, ça n’aurait pas été évident. D’autant que j’ai continué mon activité de salariée en même temps que je construisais mon projet. L’accompagnement était donc déterminant. J’ai toujours eu quelqu’un à mes côtés pour me lancer.

L’accompagnement était de quel ordre ?

C’est un bâtiment clés en mains. Terres du Sud m’a donné les bons contacts pour sa construction, sans parler de l’aide nécessaire pour l’obtention du permis de construire. Pour mes démarches auprès de la banque aussi, j’ai bénéficié de leurs conseils. Cet accompagnement m’a sécurisée.

Et pourquoi avoir choisi de produire des œufs bio ?

J’ai surfé sur la tendance, certes, pour avoir un meilleur prix, mais ça répondait aussi à mes convictions personnelles.

Vous avez combien de poules ?

J’en ai 9.000 par bande que je garde 13 mois.

Terres du Sud vous a aussi proposé un débouché pour vos œufs ?

C’est dans le « packaging » si je peux dire. J’ai un contrat avec « L’œuf de nos villages », le centre de conditionnement où nos œufs sont mis en boîte et étiquetés.

L’accompagnement c’est bien, mais comment on se forge de l’expérience ?

Je suis avec assiduité les formations de conduite d’élevage organisées par Terres du Sud, qui permettent d’échanger avec des éleveurs plus expérimentés. C’est enrichissant de connaître les astuces des uns et des autres.

Il y a beaucoup de contraintes par rapport à l’élevage bio ?

Il y a des règles à respecter, bien sûr, mais je ne trouve pas que ce soit trop contraignant. On reçoit aussi les infos du groupe Terres du Sud et de la chambre d’agriculture pour faire les choses comme il faut. Et on est visité par l’organisme certificateur une à deux fois par an.

Quel regard portez-vous sur la question du bien-être animal ?

Nous suivons un cahier des charges précis avec « L’œuf de nos villages ». Il y a aussi un suivi de l’organisme certificateur Qualisud comme je vous le disais. Par ailleurs, tous les 15 jours, j’ai la visite de Pauline Vernet, la technicienne de Terres du Sud qui suit mon exploitation. On fait un point sur l’état de santé des poules, le calibre des œufs, le choix des aliments et leur bien-être en général.

Justement, qu’est-ce que vous faites pour leur bien-être ?

Mon bâtiment a été édifié d’emblée avec des perchoirs. Comme elles ont été confinées en période de grippe aviaire, il a fallu occuper nos poules. Il faut essayer de trouver des « jouets » car les poules sont curieuses. Pour ma part, j’ai même essayé les xylophones, pour qu’elles piquent dessus avec leurs becs, mais sans grand succès. Plus classique, vous avez les bidons vides ou les ballons. Ça les attire et évite qu’elles se piquent entre elles. J’ai aussi installé des bottes de luzerne, elles aiment les picorer et c’est pour elles un apport de fibres.

Hors périodes de grippe aviaire, rassurez-nous, vos poules vont dehors ?

Bien évidemment ! Je suis installée sur 5 hectares. Cette année, j’ai planté des arbres fruitiers et des arbres d’ornement. Ça permet aux poules d’avoir de l’ombre et de mieux occuper tout l’espace à leur disposition. Le seul regret, c’est qu’à cause du Covid, je n’ai pas pu suivre ma formation sur l’aménagement des parcours pour les volailles. Mais cet automne, je vais continuer à planter des haies et des bosquets pour agrémenter ce parcours.

Vous ne regrettez pas votre changement de vie professionnelle ?

Surtout pas, je vis à la campagne, et quand il fait beau je vois même la chaîne des Pyrénées en arrière-fond. J’ai plus de liberté en journée pour mes enfants. Et je ne galère plus pour me garer !

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