Article Terres du Sud dans La Dépêche

Article du 12/06/2020 – La Dépêche – Foie gras et Coronavirus

Retrouvez ci-après l'article de presse paru le 12 juin 2020 dans La Dépêche, à propos de la filière foie gras.

Coronavirus : la crise de trop pour le foie gras

PRODUIT identitaire du Sud-Ouest, le foie gras a pâti de la crise sanitaire et du confinement, mais la baisse des ventes avait débuté en 2019. Zoom sur une filière qui s’interroge et tente de s’adapter.

Au début de la crise sanitaire, le président de la République, Emmanuel Macron, n’a pas hésité à déclarer notre pays « en guerre ». Après avoir été menée sur le plan de la santé, elle s’est désormais largement déplacée sur les terrains sociaux et économiques. Quelques-uns des fleurons de notre Sud-Ouest n’échappent pas au combat. On a accordé une large place dans nos colonnes à celui mené pour sauver l’aéronautique. Une autre bataille se déroule, en sourdine, dans nos campagnes, pour venir en aide à un produit encore plus ancré dans notre région. Il faut sauver le soldat foie gras !

Le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog) vient de lancer une vaste opération de communication en soutien aux producteurs avec un outil de géolocalisation interactif. « Les carnets de commandes des producteurs se sont vidés avec la fermeture des restaurants, l’interdiction des marchés et l’absence de visiteurs dans leurs fermes. Beaucoup d’entre eux connaissent aujourd’hui de grandes difficultés pour vendre leurs produits », affirme l’interprofession.

Déjà 10 % de vente en moins pour les fêtes de fin d’année 2019

Un regard sombre partagé par Michel Clairefond, directeur de Terres du Sud, groupe coopératif basé en Lot-et-Garonne et qui pèse pour près de 10 % du marché du foie gras en France, avec ses 140 producteurs, 350 salariés et ses 2,8 millions de canards gras produits par an.

« Même si on note un frémissement avec la réouverture de la restauration, l’ambiance reste très lourde dans la filière. À Pâques, il s’est vendu six fois moins de foie gras qu’en 2019. » Les fêtes de fin d’année 2019 avaient déjà été peu propices avec une baisse des ventes de 10 % entre mi-novembre 2019 et début janvier 2020 (Cifog).

« Le Covid-19 est venu accélérer un phénomène enclenché par la loi Egalim », avance Michel Clairefond. Cette loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire a écrit de nouvelles règles du jeu concernant les offres promotionnelles dans la grande distribution, au détriment de deux produits phares de la gastronomie française, le champagne et le foie gras.

« Là où on pouvait vendre deux conserves pour le prix d’une, on offre désormais une troisième conserve pour l’achat de deux aujourd’hui », détaille Michel Clairefond. En conséquence, les stocks ont grimpé. Ceux du groupe Terres du Sud sont passés à plus de trois mois. Ce qui va engendrer une restructuration de la production à la baisse. « Elle sera de 12 à 13 % chez nous. Tous les producteurs du Sud-Ouest et de Vendée vont baisser leur production », assure Michel Clairefond.

Chez Terres du Sud, on s’achemine vers un pilotage resserré du plan de production : « On ajustait d’une année sur l’autre, on révisera désormais ce plan chaque trimestre. » Si le constat est inquiétant, la panique n’est pas encore de mise dans une filière qui a déjà affronté deux épidémies de grippes aviaires sans trop de casse dans la région et qui compte sur ses efforts de traçabilité pour conserver sa clientèle. « Nous faisons tout pour améliorer la biosécurité, le bien-être animal et nous venons de lancer une « blockchain » qui prouve aux consommateurs que nos canards sont nourris avec des aliments locaux », assure Michel Clairefond dans l’espoir que cette stratégie relance le marché. Toute une filière a désormais les yeux rivés sur Noël prochain, avec une question en suspens : le pouvoir d’achat des Français sera-t-il au rendez-vous des fêtes ?

 

Baptise Gay.

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